Yves Razir
Si la médecine néglige encore tellement le pouvoir pathogène du stress, c’est parce qu’elle se focalise sur les événements qui en génèrent, par exemple le décès d’un proche, un divorce ou la perte d’un travail. Et comme les études ne révèlent qu’un lien ténu, voire non-significatif, elle en déduit que ce facteur pèse peu dans l’éclosion des maladies. C’est une erreur grossière qui équivaut, comme nous l’avons déjà écrit, à chercher des clés perdues sous un réverbère parce qu’il diffuse de la lumière alors que le trousseau est égaré dans la pénombre. La pénombre, c’est le monde des émotions. Ce sont elles les vraies causes de l’entrée en maladie, et non les événements stressants. C’est parce qu’ils ressentent de la peur, de la honte, de la tristesse, de la rancœur, du dégoût ou une autre émotion négative que certains individus – pas tous – vont développer une pathologie en rapport avec leur ressenti émotionnel. Et encore : c’est seulement si le traumatisme les désempare, qu’elles sont socialement isolées et/ou qu’elles se privent d’exprimer leur ressenti que ces personnes vont subir les effets délétères des « mauvaises » émotions. Comment savoir si c’est le cas ? C’est très simple : toute perturbation émotionnelle s’accompagne de changements physiologiques et de signaux physiques comme l’accélération du rythme cardiaque, la sudation, les frissons, la pâleur, les tensions musculaires ou les maux de ventre. Certains vont avoir de la peine à respirer, d’autres vont sentir leur gorge se nouer, d’autres encore que leur nuque se raidit et se bloque. C’est le monde des sensations corporelles. Sous chaque émotion « maladisante », il y a des sensations inconfortables, désagréables et parfois insupportables.
Ces réactions du corps procèdent du système nerveux autonome et sont donc largement inconscientes. En outre, à force de valoriser les pensées et l’intellect, notre culture occidentale nous pousse à négliger les informations sensorielles aboutissant au cerveau primitif, celui que nous avons en commun avec les animaux. Or comme la maladie découle d’un instinct de survie, c’est pourtant dans cet espace cérébral « animal » que se situe l’issue : tout l’enjeu du décodage biologique consiste à désactiver ces programmes archaïques, nommés « mémoires de l’évolution » par le Dr Robert Guinée. Mais pour être bien conduit, ce travail thérapeutique peut-il se borner à l’introspection psychique et au repérage des émotions conflictuelles ? À Néosanté, ce n’est pas notre avis et c’est pourquoi nous accordons grand intérêt aux approches corporelles. Nous sommes également séduits par les méthodes de santé ayant pour principe d’écouter les sensations du corps et de les conscientiser pour mieux les « métaboliser » et débloquer ainsi les émotions indésirables. L’une de ces méthodes, la technique TIPI (Technique d’Identification des Peurs Inconscientes) a déjà fait l’objet de plusieurs articles dans notre mensuel. Et pour débuter l’année 2019, la neuvième de notre existence, nous publions encore un dossier dans le Néosanté de janvier rédigé par deux thérapeutes français engagés sur cette voie avant-gardiste. Dans deux autres rubriques (« Bon plan bien-être » et « Espaces livres »), nous recensons des ouvrages allant dans la même direction puisque leurs auteurs – médecins ou thérapeutes – encouragent la gestion des émotions par l’apaisement des sensations. En sous-titre de son livre « L’intelligence autonome du corps », le psychopraticien et journaliste scientifique Stéphane Drouet énonce pertinemment que « notre corps est notre principal cerveau ». En lisant ce bouquin explorant les nouvelles connaissances en neurosciences et physique quantique, j’ai vraiment eu le sentiment d’assister à l’accouchement d’une médecine psychosomatique innovante, celle qui parvient enfin à intégrer l’unicité de la triade « pensées-émotions-sensations » et à placer ces dernières au sommet du triangle. Désormais, des outils existent pour amadouer nos réflexes sensoriels et atteindre l’équilibre émotionnel sans lequel la prévention et la guérison des maladies ne peuvent être effectives et durables.
La simplicité des outils proposés va certainement susciter l’incrédulité. Je suis sûr qu’à la lecture du dossier, certains lecteurs dubitatifs vont sans doute penser que « c’est trop beau pour être vrai » ou que « si c’était vrai, ça se saurait ». Le fonctionnement d’un être humain est tellement complexe qu’il est difficile d’imaginer que ses dysfonctionnements puissent disparaître par enchantement, en quelques minutes seulement. Mais je ne peux que suggérer aux sceptiques d’essayer avant de juger car rien ne vaut l’expérimentation personnelle. Je leur dis aussi qu’il faut se garder d’une autre erreur courante à notre époque, celle de faire rimer le substantif « complexité » avec l’adjectif « compliqué ». Ce qui est complexe n’est pas nécessairement compliqué. Un problème peut être complexe mais sa solution étonnement simple. La vie est complexe mais ses grandes lois sont assez faciles à comprendre. C’est tout le mérite du Dr Hamer d’avoir résumé la maladie en une seule loi limpide, celle de sa genèse psycho-émotionnelle et de sa finalité biologique naturelle. En amont des pensées et des émotions, il y a les sensations et le pouvoir que nous avons de les apprivoiser aisément pour progresser en santé. Je suis convaincu que cette orientation thérapeutique est appelée à faire…. sensation.
Yves Razir, directeur de la revue Néo santé