Yves Razir
La semaine dernière, je vous confiais que ma condition physique n’était pas pour me déplaire. Mais ça ne veut pas dire que je ne tombe jamais malade ! L’état de forme et le niveau de vitalité pèsent assez peu lorsqu’un stress aigu et imprévu vous prend totalement au dépourvu. Le terrain le plus sain n’est pas rien, mais n’est pas grand-chose non plus si un conflit psycho-émotionnel intense est vécu dans le déni et le silence. La somatisation est d’autant plus probable qu’un sentiment de culpabilité s’ajoute à ce contexte pathogène. Comme tout le monde, il m’arrive de vivre de telles situations et de connaître des pépins de santé. Dans mes infolettres, je vous ai notamment déjà raconté comment j’avais développé un capsulite rétractile et traversé une phlébite . Aujourd’hui, laissez-moi vous relater mon expérience de l’uvéite, une inflammation de l’œil qui atteint l’uvée, c’est-à-dire sa partie centrale comprenant l’iris, la choroïde et le corps ciliaire.
Mes symptômes sont apparus dans la journée du 30 septembre : sans raison apparente puisque je n’avais pas de poussière dans l’œil ni de réaction allergique, mon œil droit s’est injecté de sang et est devenu tout rouge. Pas rose de fatigue, non, mais bien rouge vif, façon zombie de film d’épouvante. De prime abord, j’ai pensé à une banale conjonctivite et j’ai attendu deux jours que cela passe. Comme vous le savez, je suis un adepte de la « médecine expectante » et je ne me précipite jamais chez mon médecin traitant, ce qui assez facile puisque je n’en ai pas. Le surlendemain, mon œil était toujours aussi rouge, ma vision était légèrement brouillée et un lancement se produisait lorsque, effectuant un exercice de yoga oculaire, je me forçais à loucher vers la gauche. Une petite douleur sourde faisait également la navette entre mon arcade et mon cerveau préfrontal. Histoire d’obtenir un diagnostic précis, j’ai pris rendez-vous chez un ophtalmologue, lequel ne pouvait cependant pas me recevoir avant 10 jours. Qu’à cela ne tienne, j’ai consulté le Dr Internet en surfant sur plusieurs sites médicaux sérieux. Sur base de l’ensemble des signes cliniques, j’en ai conclu que je souffrais peut-être d’une kératite (inflammation de la cornée) ou, plus probablement, d’une uvéite. Les causes ? La médecine classique pédale évidemment dans la semoule et attribue à cette maladie toutes sortes d’origines possibles : infectieuse (virus, bactérie, champignon..), auto-immune, rhumatismale, tumorale, et j’en passe. Pour l’explication « infection », on vous expose sans fard que l’uvéite peut-être un symptôme associé à la tuberculose, à la toxoplasmose, à la syphilis ou au sida. Le traitement ? Évidemment symptomatique et tablant sur les antibiotiques et/ou la cortisone à haute dose. Comme il se doit, le web médical vous avertit que l’absence de soins peut entraîner un grave danger pour la vue (cataracte, glaucome…) et même vous la coûter en vous rendant aveugle. Bigre !
Comme vous vous en doutez, ce n’est pas vraiment le genre d’avertissement qui m’impressionne. La médecine nouvelle du Dr Hamer ne m’a pas seulement…. ouvert les yeux sur la genèse psychique des maladies mais m’a également appris, grâce à sa deuxième « loi biologique », que celles-ci évoluaient en deux phases. Or les symptômes apparaissent généralement lors de la deuxième, celle qui succède à la résolution du conflit causal et qu’on appelle la « phase de réparation ». Les manifestations inflammatoires sont typiques de ce mécanisme réparateur. Si on ne « retombe pas dans le conflit », autrement dit si le même genre de stress mal vécu ne vient pas inverser le processus, on arrive naturellement à l’auto-guérison sans l’aide d’aucune médication. Au contraire, l’interférence d’un traitement allopathique peut facilement gâcher le travail de la nature et contribuer à l’installation chronique de la pathologie. C’est donc avec beaucoup de sérénité que j’ai décidé de… voir venir et d’attendre l’extinction spontanée de l’inflammation, tout en cherchant l’origine conflictuelle du trouble afin de conjurer une éventuelle récidive. En guise d’enquête, j’ai successivement ouvert les livres de Christian Flèche (1),Jean-Claude Fajeau (2) et Bernard Tihon (3)dans leurs chapitres consacrés à l’uvéite. Ce dernier auteur renvoie au Dictionnaire des Codes Biologiques des Maladies, où sont énumérées toutes les interprétations, par le Dr Claude Sabbah, de toutes les formes d’uvéite, avec leurs tonalités conflictuelles particulières. Ne sachant pas quelle était la mienne, j’étais cependant bien en peine de faire le tri entre les pistes de décodage. Ce n’est pas grave car il existe bien entendu un « invariant biologique » à tous les types de dysfonctionnements oculaires : pour comprendre ce qui m’arrivait, il me suffisait de me remémorer le stress visuel subi dans les jours ou les semaines ayant précédé le rougissement de mon œil droit.
Mon franc est tombé assez rapidement. Le 21 septembre, soit neuf jours avant les signes visibles d’inflammation, j’ai eu en effet eu sous les yeux « quelque chose que je ne voulais pas voir » et qui m’a fait très peur. Je revenais du foot avec un de mes équipiers et nous étions engagés dans une conversation animée qui m’a valu un moment de distraction à l’approche d’un passage pour piétons. Alors que je regardais à droite si une voiture n’allait pas me brûler la priorité, une jeune fille en trottinette électrique a déboulé de la gauche sur le passage clouté. Si mon passager n’avait pas crié « attention » et si je n’avais pas sauté sur mes freins, j’aurais certainement percuté cette adolescente écervelée. Je ne vous dis pas la frayeur et surtout la rumination qui fut la mienne pendant de longues minutes : je n’aurais sans doute pas tué la conductrice de l’engin mais j’aurais pu la blesser gravement. La vision imaginaire de son corps brisé et ensanglanté m’a rétrospectivement angoissé et terriblement culpabilisé. D’autant qu’en cas d’accident avec dommage corporel, la police m’aurait fait passer l’alcotest et y aurait trouvé trace des deux-trois bières de la 3ème mi-temps. J’étais bon pour le retrait de permis et les poursuites pénales, voire pour un séjour en prison ! Comme je n’étais pas fier du tout d’avoir frôlé la correctionnelle, j’ai gardé ça pour moi et je n’ai pas relaté l’épisode à mes proches. Il y avait donc bien, à la fois, choc émotionnel par le canal visuel et mutisme de ma part. Mon uvéite en était clairement la conséquence curative.
Pour en avoir la preuve, il suffisait simplement d’attendre encore un peu. La médecine nouvelle a ceci de « magique » qu’elle permet effectivement de prédire la fin des troubles provoqués par des conflits correctement identifiés. Avec ses deux phases, la maladie évolue en courbe sinusoïdale dont le point zéro central correspond à la résolution du conflit. Le délai entre le choc et l’apparition des premiers symptômes est sensiblement, voire mathématiquement égal à celui qui sépare ces symptômes initiaux de leur disparition. Autrement dit, dans mon cas, mon œil devait être guéri neuf jours après qu’il ait viré au rouge et commencé à me faire mal. C’est précisément ce qui s’est passé et le matin du 9 octobre, mon blanc de l’œil avait retrouvé sa teinte normale. Plus de douleur non plus en le faisant bouger vers la gauche, vers cet angle mort d’où avait surgi la vision d’horreur de la jeune fille sur son deux-roues motorisé. Comme il n’y avait pas de feu rouge à ce carrefour, on peut dire que je en ai symboliquement allumé un dans l’œil coupablement tourné vers la droite au lieu de regarder devant lui. Ainsi se termine le récit de ma traversée d’une (très probable) uvéite car j’ai annulé le rendez-vous avec le spécialiste : je ne vois pas ce que cet expert aurait pu faire, à part me trouver un éventuel reliquat d’infection ponctuant ma guérison. Et je me voyais mal lui expliquer mon cheminement auto-thérapeutique tout en courant le risque d’être catalogué sidéen ou syphilitique….
Yves Rasir (directeur de la revue néosanté)